lundi 13 février 2017

#JusticePourTheo

Les faits dont a été victime Théo à Aulnay-sous-Bois sont terribles.

Un syndicaliste policier a osé expliquer sur les chaînes de télévision que l’introduction d’une matraque dans l’anus du malheureux jeune homme était un accident. C’est incompréhensible que les circonvolutions de l’Inspection Générale de la Police Nationale, écartent la thèse d’un « viol délibéré », comme si ce qui s’est produit pouvait être involontaire. Même  Parquet a requis l’ouverture d’une information judiciaire sans retenir la qualification de viol, accréditant ainsi cette version aussi absurde que honteuse.

Heureusement, le juge d’instruction a rendu son honneur à la justice et au Droit en estimant, sans préjuger de la culpabilité des mis en cause, que les éléments matériels recueillis justifiaient leur mise en examen pour viol. De plus, il faut établir si oui, ou non, ces agissements ont été accompagnés d’injures à caractère raciste comme l’a déclaré Théo. Trop souvent, cette circonstance aggravante est passée sous silence et n’est jamais réparée. Si en plus du reste, la victime a dû essuyer des « négro » et autres « bamboula », les associations antiracistes devront se constituer évidemment partie civile, à ses côtés.
Mais les inquiétudes liées à cette affaire ne s’arrêtent pas à la question de la recherche de la vérité et des responsabilités. La justice est saisie et sera rendue. Cette agression, la manière dont elle est présentée, commentée, parfois exploitée, doit appeler la vigilance et la fermeté dans la défense des valeurs democratiques.

Les médias et les élus ont une responsabilité particulière dans le traitement de l’information et la formation de l’opinion publique. Chacun peut être inquiet en observant que la presse et le maire de la ville ont estimé devoir expliquer que Théo est le meilleur des garçons et que sa famille est honorablement connue dans la commune, ce dont personne ne doute. Est-ce à dire que les faits seraient moins graves s’il s’était agi d’un « mauvais garçon » ? Rappelons qu’une introduction anale est un viol quel que soit l’auteur et mais aussi quelle que soit la victime.

Cette agression met également en tension notre relation aux forces de l’ordre. Nous savons l’importance du travail qu’elles accomplissent, souvent péril de leur vie, pour assurer la protection de tous face à la menace terroriste. Et c’est précisément parce que nous devons conserver avec elles ce lien de confiance intact qu’il ne faut laisser aucune prise à ceux qui, poursuivant d’autres objectifs, voudraient généraliser cette affaire particulière pour expliquer que nous vivrions en France sous la férule d’un Etat policier post-colonial et esclavagiste. Certains collectifs prétendument antiracistes et d’extrême-gauche voient dans le cas de Théo une occasion rêvée de crier au « racisme d’État » qui fait prospérer leur petite entreprise identitaire. De la même manière, l’extrême-droite procède elle aussi à des généralisations délétères où les policiers seraient nécessairement exempts de tout compte à rendre et les victimes forcément coupables, surtout de ne pas être blanches.

De ce piège, nous devons être pleinement conscients et sortir au plus vite. La seule voie valable est celle du respect de notre État de droit et du fonctionnement républicain des pouvoirs et des contre-pouvoirs.

Justice aujourd’hui doit être rendue à Théo, au nom du peuple Français, en dehors des instrumentalisations et des manipulations qui émergent sous l’effet des extrémismes identitaires. En ces temps troublés et confus, il n’est pas inutile de relire nos textes fondateurs et rappeler, conformément à l’article 12 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen que « la garantie des droits de l’Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée. » Chacun est en droit d’attendre que ces dispositions ne quittent jamais l’esprit de nos policiers et de l’ensemble de nos concitoyens.