mardi 25 juin 2013

VIDE GRENIER EN ESPAGNE

Un vide-greniers, aussi appelé foire aux puces, bric à brac, ou vente de garage est un rassemblement populaire au cours duquel des particuliers exposent les objets dont ils n'ont plus l'usage afin de s'en défaire en les vendant aux visiteurs. De cette façon, ceux-ci peuvent les acheter. Le nom de « vide-greniers » vient du fait que les vendeurs sont supposés sortir leurs biens de leur grenier.

De nombreux exemples existent de cette activité en France, Belgique, Luxembourg, Royaume Uni. Même au Canada, les vide-greniers se déroulent couramment. Là-bas, Ils s’appellent « vente de garages » dû à la traduction du nom anglais «garage sales».
Les nouveaux riches et Caritas
En Espagne, il est très difficile d’organiser un vide grenier. Les espagnols ne veulent pas acheter des objets usés. Ce manque de volonté sociale a deux raisons. La raison historique a produit la mentalité du «nouveau riche». La raison politique est l’association Caritas.

Le nouveau riche est l’espagnol qui a souffert 20 ans de misère et famine. Ces années ne se sont pas effacés des souvenirs espagnols. Aujourd’hui, l’achat d’un objet de deuxième main est vu comme un choix de misère, de misérable, de pauvre. La plus grande partie du peuple ne veut rien savoir du passé. L’ancien est vu comme vieux et inutile.

En Espagne, le système européen de vide-grenier est normalement neutralisé par Caritas, branche espagnole de Caritas Internationalis, confédération internationale d'organisations catholiques à but caritatif. Caritas a compris qu’un vide grenier empiète son système. Si une personne peut directement vendre ses propriétés usées, elle ne voudra pas les donner gratis à l’association. Celle-ci n’obtiendra pas d’articles gratis pour les revendre.  Caritas a le droit d’aider les personnes en détresse. Il ne manquerait plus que cela. Mais le système de charité ne doit pas servir à financer une organisation. En fait, l’église catholique espagnole reçoit bien plus d’argent que les prélèvements des catholiques versés dans l’impôt sur le revenu. C’est elle qui doit payer les frais de son organisation. Une personne en détresse a droit à une dignité de citoyen. Donc, il faut lui permettre de s’occuper de son futur. Du fait, les vide-greniers peuvent procurer un appoint financier non négligeable et constituer un travail dissimulé pour des particuliers.

Les retraités européens
Mais petit à petit, un changement de mentalité a commencé. Apparus autour des nombreux quartiers  où vivent  les retraités européens, les vide-greniers ont commencé à être organisés par les associations non espagnoles.  Il est aussi vrai que, depuis 2008, le PIB espagnol a diminué. Il y plus de six millions de chômeurs. Un million d’entre eux n’a plus d’allocations chômage. Maintenant, tout peut avoir une valeur: vêtements,  appareils électroménagers, disques, jouets, livres, vaisselle, disques, meubles, etc.

En Europe, ils se développent aussi bien sur la voie publique comme dans des pavillons sportifs, salles polyvalentes où dans n’importe quel espace publique surveillé par la police. Les avantages du système européen de vide-grenier sont nombreux. Les personnes, elles-mêmes, peuvent obtenir des revenus financiers appréciables. Du fait, certains chômeurs peuvent exercer un travail au noir s’ils peuvent participer à un nombre important de manifestations. Pour limiter l’arrivée de ces pseudo-amateurs, les municipalités peuvent réserver le droit de vente aux personnes recensées dans la ville. La mairie de Paris le réserve aux inscrits dans le registre des habitantes de l’arrondissement. Le plus souvent, les vide-greniers sont organisés par des associations ou comités de quartier qui perçoivent un droit de participation des exposants. Ce revenu est non négligeable pour ces associations, surtout en zone rurale.

D’autres restrictions peuvent être aussi imposées aux vendeurs. Certaines ordonnances de la ville les appellent expositeurs pour insister sur le fait de l’activité non-professionnelle. Souvent, les produits alimentaires sont réservés aux organisateurs. Il est interdit de vendre des animaux vivants où des armes.

Les vide-greniers se différencient des marchés par le fait que ces derniers accueillent essentiellement des professionnels. En Espagne, los européens résidents l’organisent de la même façon que chez eux. Par contre, pour l’instant, les espagnols ne peuvent pas le faire ainsi. Ils doivent donner leurs biens á Caritas qui les vend soit disant pour aider les « pauvres ». Il est vrai qu’aucune loi ne sépare les activités parce que l’Union européenne interdit toute discrimination par nationalité. C’est la raison historique qui a produit la mentalité du «nouveau riche».

Un peu d'histoire
Après la Seconde Guerre mondiale, nombre de pays de l’Europe de l’Ouest ont reçu d’énormes quantités d’argent pour les aider à se reconstruire. Ce plan américain fut officiellement appelé «Programme de rétablissement européen», (en anglais European Recovery Program : ERP). Le nom provient du nom du Secrétaire d'État des États-Unis, le général George Marshall, qui exposa, lors d'un discours à l'Université Harvard, le  5 juin 1945,  la volonté du gouvernement des États-Unis de contribuer au rétablissement de l'Europe.

Par contre, l’Espagne était internationalement isolée. Le régime du General Franco était une dictature totalitaire d’extrême droite. En plus, la neutralité espagnole de 1939 était le résultat d’un énorme pot-de-vin payé par les anglais à Nicolas Franco, le frère du chef de l’État, et ambassadeur à Lisbonne. D’autres ministres avaient aussi amélioré leurs situations financières telles que le général Varela, ministre de l’armée, et le général Gallarza, ministre de l’Intérieur.

Donc, celui qui trahi une fois trahira toujours? Cette phrase était l’idée des vainqueurs de la guerre. Ils se méfiaient de ce pays de sauvages qui s’était ruiné à cause d’une guerre civile.

Par chance pour le régime espagnol, malheureusement pour toute l’Europe, la guerre froide vint aider Franco. Un « petit coups de pouce » américain fut suffisant pour que ce pays recommença son développement économique à partir de 1958. L’émigration massive, le tourisme européen et la protection américaine aidèrent enfin ce pays tourmenté.
Pour en finir
Et de retour dans l’histoire, les problèmes de l’Espagne sont très importants. Chômage de masse, crise bancaire et immobilière, déficits publics mal contrôlés… l'Espagne est plongée dans une crise complexe.  Mais ce n’est pas seulement le pays qui souffre. Ce sont ses habitants. Evidemment, le système européen de vide-grenier n’est pas la solution à tous les maux. Mais s’il peut aider à certains de s’en sortir, il doit être mis en marche.