Avant
les élections
A
l’approche des élections municipales, les retards de construction sont
traditionnels. Certaines entreprises de construction des bâtiments font du vrai
chantage à la mairie. L’équipe municipale qui se présente aux élections a besoin
des votes des nouveaux propriétaires, normalement, á prix modéré. Dans ce cas-là,
ce sont les fils des votants de la ville qui attendent leurs maisons. Le
gouvernement de la ville ne peut pas risquer une crise due au retard. Donc, il acceptera
de payer les frais « imprévus ». Ce sont des pratiques honteuses
proches de la corruption.
Après les
élections
Cependant,
après les élections, les nouveaux élus locaux reprennent en main légitime des
dossiers avec un temps d’apprentissage raisonnable. Il y a aussi 10 à 15% de remises en cause réelles des projets pour
des raisons diverses : la nouvelle équipe municipale se pose des questions. Il
existe des problèmes de financement ou des contentieux qui avaient été cachés
avant.
Les fils
des anciens votants de la ville
Il y a un
rejet par principe du logement social. La plus grande partie des maires ne veulent
pas construire du logement social. Il est
vrai que les besoins en logement des habitants sont des facteurs objectifs qui
obligent à chercher des solutions. Cependant, tout dépend du public ciblé. Si
les nouveaux propriétaires sont les descendants des anciens votants de la ville,
la mairie voudra construire des logements, plus ou moins sociaux. Bien qu’appeler
« sociaux », ces logements sont offerts en achat aux classes
moyennes. Les catégories « modestes » votent moins. Elles souffrent plus et ont
un pouvoir d’achat inférieur. Donc, elles ne sont pas rentables ni
politiquement, ni économiquement.
Les
classes moyennes
En Espagne,
le logement social a mauvaise image. Les classes moyennes ne se reconnaissent
pas quand on leur parle de logement social. Bien que la ville ait souvent
offert gratis le sol pour construire, les nouveaux habitants ont spéculé avec
ce genre de logement. Pour eux, c’est un
droit qu’ils ont à s’enrichir avec ce patrimoine public privatisé. Les
dernières lois des communautés autonomes ont essayé de freiner ce marché privé
des richesses publiques. Cependant, le manque de loyers à bail modéré oblige à
acheter. Le cout mensuel est presque le même. C’est une politique publique qui
s’est renforcé dès 1958. Le régime du dictateur Franco voulait à tout prix que
les espagnols soient des propriétaires petits-bourgeois, peureux des crises
sociales.
Les logements
du syndicat vertical
Cependant,
les populations moins aisées ont le droit au logement. De ce fait, beaucoup d’exclus
de la croissance économique vivent dans des logements à loyer modéré. Nombre d’entre
eux sont les anciens logements du syndicat vertical, le syndicat unique du
régime de Franco. Distribués dans toute l’Espagne, les communautés autonomes ont
créé leur entreprise publique pour les gérer. Avec plus ou moins de volonté
politique, elles ont appliqué la politique de Margaret Tatcher, la vente aux
locataires. Ces nouveaux propriétaires ont tout de suite spéculés avec leurs
logements. Maintenant, ce sont les immigrants non européens qui y habitent.
Les
nouveaux quartiers des vrais logements sociaux
Ce sont
les communautés autonomes qui ont construit les nouveaux logements sociaux. Ceux-ci
ont servi à loger en hauteur des populations qui avaient toujours vécu en ras du
sol. Elles ont été installées dans ces structures, sans aucun travail social.
De ce fait, les régions ont créé des monstres très difficiles de gérer. Certains
groupes de population n’ont pas encore pu sans sortir. Ces quartiers ont été distribués
entre les différentes villes de la région. Le maire ne tient pas toujours la
clé de la décision de construire du logement. Au travers du programme régional de
l’habitat, mais aussi des subventions pour le financement, ou des garanties
d’emprunt des bailleurs, la communauté autonome redessine la distribution des
populations. Le maire n’a donc que le control du permis de construire face à sociétés
privées. Il est dans une position compliquée, puisqu’il doit gérer les tensions
entre les intérêts des habitants actuels, et ceux de demain.
L’injuste
distribution
Nul ne
peut nier le droit de distribuer les nouveaux quartiers sociaux dans les villes
des régions. Mais il est aussi vrai que les villes riches ont les moyens de ne
pas accepter les futurs quartiers compliqués. Ce fait est accepté parce l’expérience
a prouvé que les nouveaux habitants doivent être encadrés par de bons services sociaux. Les villes pauvres le savent
mais elles n’ont pas les moyens. Les villes riches ont les moyens mais les maires
ne veulent pas les organiser. Ils préfèrent un service de police répressif,
plus rentables politiquement.