Il y a 49 ans, l’ONU a instauré la Journée internationale de lutte contre
le racisme. En Espagne, l’année 1966 est la vingt-septième année du régime de Franco,
selon-lui, un régime de paix, la paix des cimetières. Il a fallu attendre l’arrivée
de la démocratie en 1978 pour le racisme commence à exister dans les livres d’études
et dans les lois. C’est dans l’article 14 de la Constitution que l’égalité des
espagnols est proclamée sans qu’aucune discrimination puisse être introduite fondée sur la naissance, la race, le sexe, la religion, l'opinion ou sur toute autre situation ou circonstance personnelle ou sociale.
Cependant, le chemin de l’égalité des citoyens est loin d’être achevé. Les
vieux démons espagnols réapparaissent. L’étranger, le Juif, le Rom, le Musulman
- ou supposé tel - ou encore le sans papier, sont les « boucs émissaires » auxquels est attribuée la responsabilité de
tous les maux et de toutes les injustices de la société, qu’ils sont pourtant
parmi les premiers à subir.
Profitant du désarroi d'une partie de plus en plus grande de la population,
en Espagne comme dans l’ensemble de l’Europe, l’extrême droite progresse. Son discours xénophobe se veut rassurant pour une
partie de la population. En plus, l’apparente
impunité des réseaux sociaux permet une liberté d’expression qui est utilisée
pour tenir des propos odieux, racistes, xénophobes et homophobes.
Mais l’extrême droite n’est pas seule en cause. La Méditerranée est devenue
le cimetière de milliers de migrants africains. En Europe, une nouvelle
campagne de traque contre les sans-papiers a été lancée. Les pays membres de
l’espace Schengen ont organisé une opération baptisée « Mos Maiorum » contre les immigrants clandestins. Les
migrants arrêtés devaient être soit renvoyés dans leur pays d’origine ou bien
maintenus en rétention.
Dans certains pays européens, les expulsions d’étrangers Roms n’ont jamais
été aussi nombreuses. Comment s’étonner de la banalisation du racisme ?
En Espagne, quand les responsables régionaux tiennent des propos
stigmatisants, les citoyens se sentent protéger dans la recrudescence des actes
racistes au quotidien. Au niveau national, il faut savoir que les traques des étrangers ont
commencé avec le circulaire nº 1 du 25 janvier 2010 du Commissariat general des
frontières de la police national. Durement critiqué par les syndicats
policiers, le Ministre de l’Intérieur, Alfredo Pérz Rubalcaba, s’est défendu en
parlant des erreurs de communication. Mais il ne l’a pas dérogé. Les contrôles
au faciès ont perduré. Les Africains et les Sud-Américains subissent les mêmes
injures.
Le 11 janvier, des millions de citoyens ont dit leur solidarité au cri de « Jesuis Charlie ». Ils ont dit aussi leur refus de la haine et de l'amalgame.
Mais depuis cette date, en Espagne aussi, les actes islamophobes ont augmenté par
rapport à janvier 2014. Les actes antisémites ont doublé en un an.
En ce 21 mars, il faut réaffirmer notre refus de toute forme de racisme. Le
véritable objectif doit être une véritable égalité des droits parce que le
racisme prospère sur les inégalités. La société doit se mobiliser pour faire
reculer les problèmes sociaux et politiques, générateurs de souffrances et d’inégalités.