La lutte
contre la corruption dans le secteur public est un des objectifs politiques du
gouvernement espagnol. Avec telle solennité, quelqu’un pourrait croire à la
bonne volonté de son exécution. Donc, pour prouver cette négation, ce texte va
expliquer quelques touches á connaître.
En finir avec 36 ans de dictature
Tout
d’abord, il faut savoir que les règles du jeu démocratique espagnol ont été
fixées par une fameuse « transition politique». Le 20 novembre 1975,
le chef de l’État Francisco Franco est mort tranquillement d’une longue vieillesse.
Les dauphins du dictateur savaient qu’ils ne pouvaient pas continuer à
gouverner un pays qui avait bien changé depuis le premier mars 1939, à la fin
de la guerre civile. 36 ans de dictature. L’opposition politique savait qu’elle
ne pouvait pas renverser le régime politique décrépi. Le peuple espagnole
voulait vivre comme le reste des européens, en liberté en en prospérité. De
plus, la crise économique due au pétrole avait brisé le rêve du miracle
espagnol.
Nouvelle Constitution en 1978
Seulement
trois ans après la mort du dictateur, tous les partis politiques ont accepté
une loi fondamentale du pays qui permettait le changement sans rupture. La
monarchie parlementaire permet un Roi comme chef de l’État. Il règne mais il ne
gouverne pas. Les régions sont reconnues avec de forts pouvoirs législatifs.
Les droits de propriété obtenus après la guerre civile sont respectés. Les
employés du syndicat vertical, le syndicat fasciste unique, sont transformés en
fonctionnaires publiques pour qui ne risquent pas leurs emplois. Les autorités
politiques de la dictature sont blindées légalement pour qu’elles ne puissent pas
être traduites en justice. Les familiers des assassinés après la guerre ne peuvent
pas porter plainte pour ces « faits de guerre ». Ils ont droit à une
indemnité mais ils ne peuvent pas exiger la mise en accusation des
« possibles » assassins.
Crise de 2014
Avec ces
ingrédients si peu frais, les espagnols sont arrivés en 2014 à douter de la
qualité démocratique de régime politique espagnol. Le manque de transparence
dans les marchés publics, le financement des partis politiques et les
privilèges de la supposée caste des politiciens ont sérieusement érodé le
système politique espagnol. Pour ne pas excéder des limites de ce blog, nous
allons nous réduire à l’étude de la l’activité locale
Agir avec transparence
Pour récupérer
la confiance des citoyens, il faudrait améliorer la transparence et la
traçabilité des procédures et des prises de décisions. Les conseillers doivent pouvoir
accéder aux pièces et documents relatifs aux marchés et contrats en temps utile
avant les réunions de l’assemblée délibérantes. Il faut développer l’utilisation
de l’informatique dans la commande publique grâce à l’emploi de logiciels de
gestion de marchés, à la publicité des réunions de commissions d’appels
d’offres, à la constitution de rapports de négociation, au contrôle de
l’exécution des contrats. En
urbanisme ou pour la gestion domaniale, la citoyenneté devrait accéder à l’identité
des personnes concernées par les modifications d’un zonage dans le plan local
d’urbanisme, des biens à vendre ou à acheter ou encore d’imposer la règle du
déport en cas de conflits d’intérêts.
Financement des partis politiques.
Bien que
leur rôle soit reconnu dans la Constitution Espagnole, le financement se décide
au Parlement, adopté par une loi organique. Le cadre juridique de cette
situation est parfait. Aucune objection. Mais la réalité est que toute
surveillance du fonctionnement des partis politiques s’est relevée impossible.
Par le biais d’autres procès, la citoyenneté a appris que les trésoriers des
certains partis politiques ont organisé des réseaux de détournements de fonds
dans les marchés publiques. L’objectif « naïf » était de résoudre les problèmes
de financement des structures des partis. Mais une fois organisé le réseau, ces
trésoriers n’ont pas arrêté leur activité de collecte de fonds. Ils ont profité
du circuit économique pour s’enrichir. Le résultat des différentes pratiques non
réprimées est scandaleux. La fin du règne de l’ancien chef de l’Etat, le roiJuan Carlos I, a produit une sale image de pays. Les citoyens exaspérés
commencent à voter aux partis politiques hors système avec l’espoir dans finir
avec tout le système politique pourri du pays.
Les privilèges de la supposée caste des
politiciens
Aux dernières
élections européennes, le nouveau parti politique «Podemos» a réussi un très
bon score. Son discours envers les politiciens classiques est très simple. Tous
représentent une caste de personnes hors de la citoyenneté Ils s’occupent de
leurs retraites, leurs patrimoines y des bénéfices privés de leur activité
publique.Pour limiter le
risque de corruption, de favoritisme, de prise illégale d’intérêt, de trafic
d’influence, de concussion dans le secteur public local, ce parti revendique la
limitation temporaire de l’éligibilité des élus. Avec deux mandats, il serait
possible de contrecarrer la constitution de fiefs électoraux. Une limitation
dans le temps à deux mandats successifs empêcherait la mise en place de réseaux
d’intérêts croisés, favorable à la commission d’atteinte à la probité
Control juridique des partis politiques
En
Espagne, cette fonction est réservée au «Tribunal de Cuentas» Ce Tribunal des
Comptes est reconnue par la Constitution Espagnole de 1978. Il est chargé du
control financier du secteur public et des procédures de jugement de la
responsabilité comptable. Cependant, il est loin de faire honneur à ses hautes
fonctions. Au grand scandale des contribuables, la presse a dénoncé en 2012 que
le dernier exercice budgétaire et financier révisé par le Tribunal était celui
de 2007. Cinq ans de retard. Vu que le tribunal est chargé de réviser toute
l’activité économique et budgétaire, c’est un énorme gâchis. Tout le travail
est perdu puisque le droit administratif espagnol oblige à appliquer la
prescription extinctive de l’action publique de réclamation en quatre ans.
Un peu d’optimisme
Bien que
la situation soit grave, elle n’est pas désespérée. Ce sont les mairies qui ont
réussi á limiter leurs finances. Les régions, organisées en Communautés
Autonomes, sont loin des objectifs de control des déficits publics. De plus, la
proximité entre citoyenneté et représentants permet de limiter la croissance de
la caste des politiciens. Ils sont proches des citoyens et vivent dans la même
ville. De plus, ils doivent connaitre leurs problèmes surtout s’ils veulent
être réélus. Avantage de la démocratie, régulièrement la citoyenneté élie ses représentants.
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